Nous lançons une série d’articles dédiée au Jean. Le Quart d’Heure Jean. Il n’aura plus aucun secret pour vous, jusque dans les moindres coutures. Nous allons vous parler de son histoire, sa toile, des différentes coupes, de ses finitions, des marques, du délavage, lavage, etc.
On commence logiquement notre premier épisode du Quart d’Heure Jean par un retour sur la petite histoire, dans la grande Histoire, du jean denim. Aujourd'hui, denim signifie jean, et jean signifie denim. Cependant, il existait à l'origine une différence technique entre les tissus jean et denim. On va le voir tout de suite.
Par ailleurs, quand on pense au denim, on pense très probablement aux jeans - souvent des Levi's et peut-être même portés par des cow-boys dans un film en noir et blanc. Mes parents d’ailleurs, venant du Cambodge, appelaient cela, un « pantalon cow-boy » quand j’étais petit. Comme quoi, cet imaginaire est devenu une icône universelle.
L'association du denim avec les États-Unis découle sans aucun doute de la garde-robe des westerns - pensez à John Wayne traversant Monument Valley - et des vedettes du cinéma des années 1950, comme James Dean. Bien au-delà du Western, le jean s’ancre dans une histoire plus sombre, mais qui mérite d’être dévoilée. Secret révélé quelque part dans l'article.
Finalement, l'origine de ce textile ne vient pas d’une ville américaine lointaine, mais d’Europe.
L'histoire de Gênes, berceau du denim et des premiers jeans
C'est Teramo Piaggio qui fut le premier à le teindre en bleu en 1538 ! En effet, non seulement, il a utilisé le tissu comme toile, mais il l'a également teint à l'indigo, pour peindre sa Passion du Christ. Cette peinture est aujourd'hui exposée au musée diocésain de Gênes.
Gênes était une ville et un port florissant qui exportait vers la Méditerranée et les pays européens. Toutes les marchandises débarquées des bateaux étaient alors marquées de leur lieu d'origine. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Gênes s'est fait connaître par un tissu robuste en lin et en coton qui servait à la fabrication des voiliers et des tenues de marins. D'un bleu profond, on l’a appelé "bleu de Gênes". Le bleu de Gênes est à l'origine du "blue-jean". Ce tissu était alors vital pour la classe ouvrière du nord de l'Italie. Les premières listes de cargaisons indiquent que ces tissus durables et peu coûteux étaient expédiés au-delà des régions locales vers l'Europe du Nord, notamment l'Angleterre. L'histoire du jean a donc commencé ici.
Une partie du bleu de Gênes était exportée vers la ville française de Nîmes, qui était alors la métropole européenne des tisserands et des fabricants de rubans. Les tisserands de Nîmes se sont rendu compte qu'ils avaient mis au point un tissu unique et robuste, différent de tous les autres. Et pour réduire leur dépendance à l'égard des fabricants de draps italiens, les tisserands nîmois ont rapidement commencé à expérimenter la production de leur propre drap bleu, qui était tout aussi robuste et durable.
En parallèle, d’autres ballots de "tissu de Gênes" qui étaient également déchargés dans le port de Londres étaient marqués comme "tissu de Jeane", une orthographe adaptée à la prononciation anglaise. Les Anglais ont été tellement séduits par ce tissu robuste et bon marché, qu'à partir du 17e siècle, ils l'ont importé en grande quantité pour fabriquer des salopettes de fermiers.
La naissance du denim : quand les bergers des Cévennes ont façonné une icône de la mode
À la fin du XVIIe siècle, Nîmes est en plein essor économique grâce à son industrie textile, spécialisée dans la soie. De grandes manufactures, fonctionnant à plein régime, contribuent à en faire la troisième ville industrielle française, derrière Paris et Lyon. Selon les hypothèses, et s’inspirant du tissu de Gênes, le tissu développé par des bergers dans les montagnes des Cévennes (nord-ouest de Nîmes) est fabriqué à partir de laine et de soie brute.
Ces matières étaient alors abondantes dans cette région. Ils ont mis au point le tissu sergé, réalisé avec un motif de côtes diagonales parallèles, pour lequel ils utilisaient deux fils différents : le fil de chaîne (horizontal) était teint à l'indigo, le fil de trame(vertical) était laissé blanc. Le tissu obtenu présentait deux faces nettement différentes. Le côté qui présentait le plus de fils de chaîne était le côté bleu foncé, tourné vers l'extérieur, tandis que le côté bleu clair, avec la majorité des fils de trame visibles, était le dos. Le tissu était très résistant grâce à sa technique de tissage spéciale, et il n'était en rien inférieur au bleu de Gênes italien. Il était suffisamment résistant pour être porté comme vêtement de travail. Les Nîmois ont ainsi fait concurrence aux marchands de Gênes et ont même par la suite supplanté ces derniers sur le marché anglais. Très vite, le tissu français a eu son propre nom : "serge de Nîmes", abrégé en "de Nîmes", que les Anglais et les Américains ont finalement transformé en "denim", désormais célèbre dans le monde entier. L'histoire du denim est née. Cependant, lorsque le denim est apparu au Royaume-Uni, il était entièrement fabriqué en coton ; c'est pourquoi les historiens sont perplexes quant aux véritables origines du denim. L'augmentation du coût de la laine et la facilité de se procurer du coton dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ont certainement amené les fabricants à diversifier naturellement la gamme et la composition de leurs textiles. Il est donc tout à fait possible que la serge de Nîmes soit passée de son armure originale en laine et en soie à une armure purement en coton. Il est intéressant de noter qu'à l'époque où la production de denim a commencé en Amérique, la principale distinction entre le denim et le jean était que le premier était tissé à partir d'un fil blanc et d'un fil de couleur - comme l'avaient fait les bergers des Cévennes - tandis que le second était créé à partir de deux fils de couleur. En définitive, il semble que personne n'arrive à établir une chronologie historique complète du denim. Ainsi, l’énigme du jean-denim n’est pas entièrement résolue. Et, c'est ce qui fait le charme de cette histoire.
Levi Strauss et l'histoire du denim aux États-Unis : comment un vêtement de travail est devenu un symbole de la culture américaine
Arrivé en 1853 à San Francisco de New-York, Levi Strauss était un marchand de gros : vêtements, literie, peignes, sacs et mouchoirs qu'il importe de ses frères à New York. Près de 20 ans plus tard, en 1872, il s'associe à Jacob Davis, un tailleur venu de Lettonie, pour créer une salopette sans bavette (Waist-overalls) avec des rivets en cuivre - ce que l'on appelle aujourd'hui le jean depuis 1960 - et le règne du jean de Levi’s commence.
Pour la petite histoire, c’est Davis qui est le héros méconnu de notre histoire. Une dame est venu le voir et lui adressa sa demande. "J'ai un mari corpulent qui continue de déchirer ses pantalons de travail, et j'aimerais que vous lui en fabriquiez une paire solide. " Alors il s'est dit : "J'ai tous ces rivets à rondelle et à tige que les gens mettent leur selle de cheval. Ajoutons-les à tous ces endroits où il n'arrête pas de déchirer son pantalon." Il les ajoute donc à des endroits comme la braguette et l'ouverture des poches, et même à l'ouverture de la poche arrière, qui est une poche plaquée. Or, n’ayant pas assez d’argent pour déposer le brevet, il s’associa à Levi’s qui apporta les fonds. C’est comme cela qu’on porte des jeans Levis’s et non Davis. Il est intéressant de noter que les deux hommes ont préféré le denim au jean en raison de sa solidité. À l'époque, le jean était un tissu populaire pour les vêtements masculins, tandis que le denim était plutôt considéré comme un textile de travailleur, et il était également utilisé pour les tentes et les voiles des navires.
D’abord produites par des couturières chez elles, les Jeans sont très vite fabriqués dans le premier atelier piloté par Davis avec une demande qui a très vite augmenté. Au début du 20e siècle, le denim est devenu le tissu de prédilection pour les vêtements de travail des cow-boys, des cheminots, des mineurs, des bûcherons, et des agriculteurs de l'Ouest américain. Non seulement le tissu était bon marché, mais le denim était plus durable et plus solide que l'alternative populaire - le "jean" (traditionnellement fabriqué en coton, lin et laine). La conception initiale n'a pas changé depuis près d'un siècle et demi. Aujourd'hui, chaque paire de blue-jeans Levi's comporte six rivets en cuivre qui assurent la longévité de chaque pantalon. Les rivets étaient cruciaux dans la conception pour la durabilité. C'était comme fabriquer une armure pour votre corps, qui pouvait résister à tout. Avec l'ajout des rivets en cuivre, le produit devient la forme la plus durable de vêtement de travail disponible pour tout travailleur américain. Pas de passants au départ, les gens portaient les bretelles. Il n’y avait qu’une poche à l’arrière. Une seconde a été rajoutée. Le zip est venu également s’ajouter ainsi que les passants pour ceinture.
Le tournant dans la production du denim a lieu au début du 19e siècle. Une filature du sud de l'Amérique a en effet profité de l'industrie florissante du coton pour remplacer la soie et la laine par du coton, créant ainsi le denim moderne. Cette entreprise a prospéré en tant que leader incontesté de la fabrication de denim jusqu'au début du 20e siècle, où elle a fini par être supplantée par des concurrents ambitieux. L'un d'eux, Cone Mills, a commencé à fournir Levi Strauss en 1915 et est devenu son fournisseur exclusif sept ans plus tard. C'est le début de l'une des plus grandes aventures commerciales des temps modernes !
L'image d'une personne vêtue de denim au début du 20e siècle est inévitablement romancée, comme l'histoire du denim par ailleurs. En réalité, des personnes d'âges, d’origine ethniques et de sexes très différents portaient du denim à cette époque. Des métayers dans le sud, des immigrants chinois sur le chemin de fer transcontinental...
Pendant la Grande Dépression et le Farm Securities Act, ainsi qu'avec l'envoie massif des photographes à parcourir le pays pour documenter la vie quotidienne, le denim est devenu un symbole des Etats-Unis. On voit des gens de la côte Ouest qui en portent, des gens qui travaillent dans les ports, les chantiers navals. On voit les gens de l'Empire State assis sur des poutres pendant les pauses-déjeuner, et on voit les cultivateurs de tabac dans les champs du Sud-Est avec des vêtements délavés par le soleil, et c'est devenu cette identité commune.
Cette identité aide le pays à se sentir unifié même pendant les périodes sombres. Jusqu'aux années 1930 environ, le denim était vraiment porté par nécessité. Ce n'est qu'à partir de ces années-là que le produit est passé de la nécessité à la mode... Grâce aux westerns, les cow-boys sont devenus la figure américaine qui les a aidés à sortir de la Grande Dépression, d'une certaine manière. Les Américains n’avaient pas de royauté comme l'Angleterre et d'autres pays européens, mais ils avaient des cow-boys portant des blue-jeans. Mais, alors comment le jean est arrivée dans les région de l'Ouest ? L’histoire qu’on nous raconte souvent évoque une population WASP (White Anglo-Saxon Protestant). La réalité de la vie dans l'Ouest américain était beaucoup plus multi-ethnique. Une partie importante de la main-d'œuvre était composée de personnes de couleur, de Mexicains, d'Amérindiens, d'Afro-Américains, qui représentaient probablement 1/8ème ou ¼ de la main-d'œuvre des cow-boys. La réalité est donc beaucoup plus complexe et contraste avec le « blanchiment » de ces personnages dans les westerns. Bien sûr, la version hollywoodienne du cow-boy n'était que le début de la diffusion du denim au-delà de la classe ouvrière. Ce changement se produit à une époque d'énormes schismes économiques. La grande majorité des gens étaient vraiment en difficulté pendant la Grande Dépression, mais il continuait d'y avoir une classe d'élite d'individus. Ils voyageaient toujours. Ils faisaient toujours du shopping. On pense que les jeans ont été introduits dans l'Est lors de l'engouement pour les grands ranchs (Dudes Ranchs) dans les années 1930. Des gens fortunés de l’Est venaient prendre du bon temps dans ces Dudes Ranchs. En raison de l'effondrement de nombreuses sources de revenus basées sur l'élevage de bétail et d'autres activités agricoles traditionnelles, de nombreux ranchs de bétail en activité se sont tournés vers les dudes, qui constituaient une source de revenus plus fiable. Les femmes, en dehors de leur contexte social habituel, portaient alors avec plaisir le jean. Époque où il n’était pas bien vu pour une femme de porter un pantalon. Elles commençaient leur émancipation dans le Far West.
C’est toujours une histoire de business. Les fabricants américains de blue-jeans ont donc réalisé qu'il y avait un marché assez important à conquérir en créant spécifiquement des lignes de blue-jeans pour les femmes. L’histoire du jean rencontre ainsi l’histoire de la mode. Les vêtements de la classe ouvrière deviennent alors un symbole de la classe moyenne privilégiée.
Le jean denim : un symbole culturel de la libération après la Seconde Guerre mondiale
Un autre chapitre s'est déroulé pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les blue-jeans ont été déclarés produit "essentiel" et n'ont été vendus qu'aux personnes engagées dans la défense ou le travail militaire. Dans les années 1940, les GIs américains ont emporté avec eux à l'étranger leurs paires de denim bien-aimées. Le denim était revenu sur le Vieux Continent. Les gens ont vu leurs héros en blue-jeans et ont voulu forcément leur ressembler. Les militaires américains en service en Europe et au Japon le portaient souvent en dehors des heures de service pour montrer qu'ils étaient américains. Le jean s’est alors introduit au Japon et n’en repartira plus. Il s’installera définitivement après le succès de La fureur de vivre où James Dean incarne l’esprit rebelles auprès de la jeunesse nippone. Le Japon deviendra même sa patrie d’adoption. On vous raconte cela dans un prochain épisode. Le jean en denim est devenu un signifiant culturel. Le pantalon montre au monde un mode de vie plus heureux, ce dont les gens avaient besoin, surtout après ce qu'ils avaient enduré pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que la production de vêtements de travail en denim (ou de salopettes comme on les appelait à l'époque) ait diminué pendant la guerre, en raison de la pénurie des matières premières nécessaires à leur fabrication, la fin de la guerre a marqué un changement dans leur perception. Le jean denim est moins associé aux vêtements de travail et plus étroitement lié aux vêtements de loisirs.
L'histoire de la teinture à l'indigo : de son origine africaine à son rôle dans l'industrie de la Caroline du Sud"
Les gens ne pensent pas nécessairement à la façon dont leurs blue-jeans sont devenus bleus. Historiquement, c'est à cause de la teinture indigo. Il y a des siècles, on disait que l'indigo valait son poids en or. La concurrence était si féroce que les Européens l'appelaient "la teinture du diable". L'indigo est en fait une mauvaise herbe. Le processus de transformation de l'indigo de cette petite feuille verte en une teinture est un processus très très délicat ; ainsi, seuls, les plus habiles sont capables de le faire.
L'un des aspects les plus intéressants de la teinture à l'indigo est que la cuve de teinture est verte. Elle n'est pas bleue. Et lorsque vous introduisez un tissu comme le denim dans la cuve de teinture, il sort vert. Et puis comme il s'oxyde dans notre atmosphère, il devient bleu. C'est une sorte de magie qui s’opère.
L'indigo a une valeur énorme. La pratique de la teinture est extrêmement difficile. En Afrique, le tissu indigo a une importance spirituelle. On dit qu'il contient l'âme de la personne, son esprit. Les Africains ont une longue histoire de travail de l'indigo et connaissent le processus spécial de fabrication de la teinture et de la teinture du tissu.
C’est au milieu des années 1700 que la main-d'œuvre d'Afrique est arrivée en Amérique, et avec elle toutes les connaissances sur la façon d'extraire le bleu de la plante, et sur la façon de fixer le bleu sur les tissus. Alors, l’indigo s’est présenté comme ayant un potentiel économique important. Et puis quand vous ajoutez à cela le déplacement de la teinture d'un bout à l'autre du monde, sa valeur n'a fait qu'augmenter. Elle a enrichi beaucoup d’Américains ayant flairé ce juteux business lié à l’histoire de la traite des noirs.
L’exemple d’Eliza Lucas, botaniste, fille d'un gouverneur colonial, est certainement la figure la plus connue. Elle a fait prospérer l’industrie de l’indigo dans le Sud. Ainsi, l’indigo a été ajouté aux cultures locales (riz et tabac). Ajouter l'indigo dans la rotation des cultures était aussi un moyen de trouver un profit supplémentaire. L'indigo était une deuxième culture de rente derrière le riz en Caroline du Sud. Et à la veille de la Révolution américaine, plus d'un million de livres d'indigo ont été expédiés à l'étranger.
Mais, c’est bien grâce aux esclaves venus d’Afrique qu’elle a réussis cela. Ce sont eux qui ont fait le travail qui lui a permis de devenir ce grand planteur pour lequel elle a été reconnue.
Le jean denim américain : de son origine controversée à son succès planétaire
L’Indigo résume parfaitement la complexité de savoir comment commencer à raconter l'histoire des personnes esclaves et comment documenter leurs contributions en Amérique, et à l'histoire du denim en particulier.
En fait, nous connaissons les noms de tous les esclaves qui ont appartenu aux familles Lucas et Pinckney (nom de famille du mari d’Eliza). Il s'agit de générations de familles. Nous ne parlons pas seulement d'un mari et d'une femme, ou d'une mère et d'un père. Nous voyons des grands-parents sur cette liste.
Ce sont ceux qui venaient de communautés qui teignaient toutes sortes de tissus de couleurs magnifiques. Ce sont eux qui avaient la connaissance de l'indigo ; ce sont eux qui ont créé des générations de richesse pour ces familles blanches esclavagistes. Au 19ème siècle, le denim a vraiment dominé parce que c'était un tissage solide. Avec l'essor des produits en coton, le denim est devenu la seconde peau acceptée pour les vêtements destinés aux travaux pénibles. Alors que la fabrication du coton américain commence à trouver ses marques dans les années 1880 et 1820, les usines du Rhode Island, du Massachusetts et du New Hampshire ont besoin d'une source de coton. Et la seule source de coton disponible pour rendre ces usines économiquement viables est le coton cultivé par des hommes, des femmes et des enfants asservis dans le Sud américain. Coton d'Alabama...coton de Louisiane...coton du Texas...coton du Mississippi...coton de Géorgie...coton de Charleston. Il faut deux livres de coton pour fabriquer une paire de jeans.
Qui porte ces blue-jeans ? Il y a une base de données appelée Freedom on the Move qui a catalogué et collecté des annonces d'esclaves en fuite dans tous les États-Unis. Les esclavagistes mettaient une annonce décrivant la personne avec des descriptions détaillées de ce qu'elle avait sur elle quand elle est partie, les vêtements qu'elle portait, le type de vêtements, la couleur des vêtements. : il y avait donc des publicités qui contenaient des informations très, très, très détaillées sur les personnes asservies. On comprend bien que les esclaves portaient, en fait, des jeans.
C'est une histoire dans laquelle le travail forcé produit une matière première qui est ensuite exportée d'une région à une autre et qui est ensuite revendue dans un cycle continu. Un nombre croissant d'esclaves américains en viendront à porter des tissus fabriqués aux États-Unis, qui voyagent sous un certain nombre de noms, qui sont parfois regroupés sous la catégorie générale des tissus nègres. C'est l'un des aspects les plus puissants du vêtement, n'est-ce pas ? La manière dont il peut être utilisé, non seulement par les individus pour exprimer leur propre identité, mais aussi par la société dominante pour stigmatiser les gens. Donc les blue-jeans existaient clairement avant Levi Strauss. Les agriculteurs, les ouvriers d'usine. Les mineurs portaient du denim ; les esclaves d'Amérique étaient très souvent vêtus de denim.
Le jean en denim : son histoire et son évolution dans la mode américaine des années 1950
La teinte sombre et la rigidité du denim en font un tissu populaire pour les pantalons dans les années 1950. Les fermetures éclair sont intégrées pour la première fois en 1954 et la jeune génération commence à porter des pantalons en denim comme vêtements de loisirs.
Comme de plus en plus de gens portent du denim, ils commencent à l'appeler "jeans" plutôt que "salopette en denim". Pendant ce temps, des stars du cinéma telles que Marilyn Monroe ont réinterprété le jean en denim comme un style valorisant et modérément sexualisé. James Dean et Marlon Brando ont redéfini à jamais l'humble jean denim grâce à leurs rôles très stylisés dans des films cultes comme L'homme sauvage et La révolte sans cause. Naturellement, tout le monde a voulu imiter ces idoles. C'est ainsi que le jean, reconnu pour sa dimension strictement fonctionnelle, estentré dans l'histoire de la mode. Culturellement, le jean est devenu un symbole de la rébellion des jeunes dans les années 1950 et 1960, lorsque les étudiants ont commencé à le porter en signe de protestation contre la guerre du Viêt Nam et le formalisme de l'establishment. À la même époque, le jean est devenu populaire parmi les motards et les délinquants juvéniles, largement influencés par ces idoles de l'écran. Les jeans à jambes droites ont été associés à ces figures rebelles, ce qui a conduit de nombreuses écoles américaines à en interdire le port. Il semble que rien ne puisse entamer la popularité des jeans en denim. L'histoire du jean continue... Les décennies suivantes ont vu le jean associé à la rébellion, à l'individualité et à l'expression de soi. Les étudiants commencent à porter des jeans à l'université et l'humble pantalon en jean devient un uniforme non-officiel dans les manifestations, les discothèques et toutes sortes d'activités sociales. À la même époque, les femmes commencent à embrasser la libération sexuelle à travers leurs vêtements. Leurs jeans en denim reflètent cet esprit en portant des modèles plus audacieux avec des tailles plus fines et des pantalons plus larges. Avec l'augmentation de la demande pour les styles évasés et les bas en cloche des années 70, la tendance du jean s'étend des États-Unis à l'Europe. Les jeans en denim deviennent le style préféré des jeunes dans tous les domaines de la vie.
La montée en puissance du denim haut de gamme : l'histoire des marques emblématiques du jean en denim
Dans les années 1980, le denim a réussi à se faufiler dans d'autres sous-cultures comme le punk, le grunge et le rock. De nouvelles finitions telles que le lavage à l'acide deviennent populaires et la jupe en denim et le jean déchiré font également leur apparition dans le secteur. Les années 1980 ont également été une période charnière pour l'histoire du jean en denim, car de plus en plus de créateurs de mode ont commencé à incorporer le tissu dans leurs collections. Des marques telles que Calvin Klein et Armani lancent pour la première fois des jeans de marque, inaugurant ainsi l'ère du denim haut de gamme. Adriano Goldschmied, le père du denim haut de gamme, a également contribué à populariser une nouvelle coupe de denim dans les années 80 - la coupe skinny (bonjour le denim stretch !). Certains créateurs ont suivi ses traces avec des jeans si serrés que les clients devaient s'allonger pour les remonter.
Les années 1990 marquent le début d'une nouvelle ère dans l'histoire de la culture et du style du denim avec l'émergence des jeans baggy et des salopettes, promus par des groupes tels Wutang Clang ou Backstreet Boys.
Les années 1990 ont également vu l'apparition de la coupe "boot cut" - un jean évasé plus fin et plus subtil, plus adapté à un port quotidien - ainsi que du style JNCO à jambes larges, qui était extrêmement large à partir de la taille. Les vestes en denim surdimensionnées, associées à des jeans d'une nuance contrastée d'indigo, sont devenues le look phare des célébrités à cette époque.
Les caractéristiques intemporelles du denim dans la mode actuelle
Notre décennie actuelle a vu le retour de tous les styles, coupes et lavages de denim imaginables - et même plus. Alors que la plupart des gens hésitent à se défaire de leurs jeans skinny, les jeans taille haute, les jeans évasés et les modèles à jambes droites ont tous fait leur retour.
Les années 2010 ont également vu le retour du denim brut, ainsi que du denim léger et plus souple créé à l'aide de technologies respectueuses de l'environnement. Les vêtements utilitaires et de travail redeviennent des tendances clés et les marques de vêtements pour hommes axées sur le denim, comme Jack & Jones, répondent à cette demande de valeur, de prix et de confort. Aujourd'hui, la plupart des marques de mode du marché de masse proposent leur propre gamme de denim, même si Levi's, Wrangler et Lee restent des noms emblématiques pour leur statut d'héritage.
L'avenir du denim durable : de la culture du blue jean à la fabrication du green jean
À l'image de la direction prise par l'industrie de la mode dans son ensemble, les marques sont guidées par les préoccupations des consommateurs quant au caractère durable ou non de leurs produits et le marché de la fabrication du denim réagit à cette évolution.
Si de nombreuses marques haut de gamme respectent les pratiques durables depuis quelques années, le lancement de gammes de denim par des marques de fast-fashion en plein essor et les bonnes performances des marques haut de gamme pionnières contribuent également à l'essor de l'industrie du denim.
Sean Gormley, directeur de la création de Wrangler, déclare : "Nous constatons que les acheteurs veulent être en mesure d'offrir à leurs clients un produit meilleur et plus durable, [...] De plus en plus, vous ne pouvez pas vous qualifier de produit haut de gamme si vos références ne sont pas durables."
Il semble donc que l'avenir du jean bleu indigo sera vert dans l'esprit, mais classique dans sa forme. L'histoire du jean n'est définitivement pas arrivée à son terme. L'industrie du jean en denim se mue et s'adapte à son époque comme elle a toujours su le faire tout en gardant ses fondements qui ont fait son histoire.
PAR SOTHARA, fondateur de Rsurction
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