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  • sotharasieng

Le Jean Selvedge RSURCTION, la Suite

Dernière mise à jour : 23 mai 2022

Dans notre dernier article, on vous racontait les différentes embûches et contraintes auxquelles nous avons dû faire dans le cadre du développement des premières pièces de la collection RSURCTION. Nous avions fait le tour de nos premiers essais. Il en manquait un à l’appel, le fameux jean selvedge. Cette pièce iconique du vestiaire masculin. On revient sur ce développement. On s'est remis en question pour faire le meilleur jean made in France possible. Vous verrez, on garde notre cap et on ne sacrifiera pas la qualité.



Pour rappel, notre 1er prototype de jean selvedge Rsurction

So far So Good, but…


Alors, ce jean selvedge made in France. C’était justement notre dernier article consacré à un produit. Avec tous ces développements qu’on a menés en parallèle, on se disait que potentiellement chaque pièce pourrait être la première pièce de la collection RSURCTION, voire même que plusieurs vêtements pourraient sortir en même temps. Cependant, les circonstances que je vous ai énumérées dans l’article de la semaine dernière, nous amènent naturellement à donner la priorité à notre jean comme premier pilier de RSURCTION. Et c’est vrai, quand on y pense. S’il y a bien un vêtement, intemporel et toute saison, que tout homme a dans son vestiaire, c’est bien le jean ! Comme quoi, nos mésaventures et difficultés que nous avons rencontrées nous ramènent à l'essentiel. Parfois, quand on hésite, la contrainte nous aide à prendre des décisions plus facilement. À ce stade, notre atelier de jeans Normand ne nous a pas lâché. Les minimums de production de notre fournisseur de tissu sont raisonnables. Le tableau semble plutôt bon. Pour autant, le développement du jean n'est pas un long fleuve tranquille... On s’était arrêté avec vous sur un premier prototype de jean selvedge avec une coupe quasi juste, avec quelques rectifications à réaliser tout de même. J’ai porté ce jean pendant un certain temps pour voir notamment comment le fit et les dimensions allaient évoluer. Du coup, je l’ai beaucoup observé, même scruté. Je n’étais pas peu fier d’avoir un jean made in France avec un tissu denim également made in France. Pourtant, depuis le début, j’ai un petit doute qui trotte dans ma tête. En fait, il y a si peu de fabricants de tissu denim selvedge en France - j’en ai trouvé deux – que je me demandais si ce n’était pas un choix par défaut. J’avais éliminé l’un des deux car, ce n’était pas une teinture à l’indigo, donc un délavage qui n’allait pas se faire en bonifiant le jean avec le temps. Petit rappel, pour RSURCTION, un denim de qualité est forcément selvedge avec une teinture à l'indigo assurant une beau délavage dans le temps. Cela a bien plus de charme. On proscrit les pré-délavages artificiels et les teintures dites réactifs qui ne se délavent quasi pas. Il ne restait alors qu’un fabricant en course, celui avec lequel nous avons réalisé nos tests et notre premier prototype. Et je l’ai bien kiffé ...pendant un moment. Cependant, en tant que porteur de jean de marques premium, j’avais un blocage qui se confirmait. J'en étais arrivé à me dire que parmi les jeans que je possède, je ne choisirai pas celui de RSURCTION, non pas à cause de sa coupe, mais à cause du tissu. Je devais me rendre à l’évidence. Malgré toutes les qualités de celui-ci, il n’était pas à la hauteur des autres jeans de mon vestiaire personnel. Il n’était pas mieux, voire même moins bien, pour être honnête, tant au niveau couleur qu’aspect ou texture. La vérité, c’est que je préfère mes jeans bruts Balibaris, Bonne Gueule, Naked & Famous, Edwin ou APC.

C'est ça une toile selvedge de qualité ! une toile japonaise pour A.P.C. Une belle patine comme on l'aime

Et forcément, les micros défauts que j’avais identifiés devenaient plus flagrants à mes yeux. Je n'étais pas non plus complètement satisfait de la teinte indigo qui n'était selon moi pas suffisamment profonde. Bref, un peu trop quelconque. Je n’arrivais alors pas à me résoudre à mettre sur le marché un produit très made in France, mais moins qualitatif en tissu que d’autres marques qui seraient vendues au même prix. Il n’est pas envisageable pour nous de décevoir nos consommateurs amateurs de belles pièces masculines et un peu connaisseurs. A fortiori, au prix auquel on va le vendre. On sera dans les prix des marques citées plus haut, voire un peu moins cher, plus que sur des prix d’un jean H&M par exemple. On considère que mettre sur le marché un tel jean ne rendrait pas service à l’industrie du made in France, ni ne redorerait son image d'un point de vue qualitatif.

Cette remise en cause que l'on est en train de faire reste en cohérence avec notre démarche pour développer la collection RSURCTION que l'on détaille dans cet article pour ceux qui ne l'ont pas encore lu.


A la recherche d’une matière digne d'un made in France haut de gamme


On s’est alors dit qu’on allait ouvrir le sourcing la fourniture de la toile denim selvedge vers d’autres horizons pour obtenir mieux que ce qu’on avait et être à la hauteur des marques premium de jeans de mon propre vestiaire. On a repris notre bâton de pèlerin et nous sommes parti à la chasse du Graal, sans frontière. On fait notre job sur Google : rechercher les fournisseurs, les contacts divers et variés jusqu’à atteindre les bonnes personnes, les distributeurs européens pour les fabricants japonais notamment, etc. On a sollicité tout le monde ou presque : Kurabo, Kaihara, Collect, Shinya, Nihon Menpu, Berto, Candiani, Kuroki, etc. On a même réussi à contacter Eric de chez Vidalia aux Etats-Unis. Pour l'histoire, après la disparition du dernier fabricant de demin selvedge Cone Mills en 2017, Vidalia a relancé les machines pour faire revivre la gloire américaine. On a donc interrogé les meilleurs du marché pour la future toile RSURCTION : japonais, italiens et américains. Nos critères restent la Qualité et l’Eco-Responsabilité. On a ainsi reçu beaucoup d’échantillons de beaux tissus plus beaux les uns que les autres, de presque tout le monde.

Que du beau choix. Notre tissu made in France s'est immiscer dans la photo. Pas facile sur un petit visuel de voir les grandes différences, mais, on vous garantit que c'est plus flagrant "en vrai"

Cela nous a confirmé qu’on était dans la bonne direction dans le fait d’ouvrir l'approvisionnement de tissu. Même le tissu le moins qualitatif de ceux que j'ai reçus est au moins au niveau de notre denim français initial. C’est dire l’écart de qualité et de savoir-faire entre ce qu’on sait faire de mieux en France et ce que l’on peut faire chez les experts du denim dans les meilleurs bastions du jean. J’ouvre une parenthèse. Cela nous pose des questions légitimes pour l’industrie française, en tout cas pour la fabrication de tissu de jeans haut de gamme. Premièrement, la qualité et le savoir-faire. On ne fait pas partir et on ne désintègre pas une industrie pendant plusieurs dizaines d’années en pensant qu’en la faisant revenir, notamment avec les machines adéquates de l’époque glorieuse, les produits seront automatiquement et immédiatement de bonne facture. Le temps industriel est relativement long. Ce n’est pas de la magie. Cela prendra du temps pour réapprendre à maîtriser pour réussir à sortir un tissu de jean de qualité pour concurrencer sérieusement les italiens, japonais ou américains. Deuxièmement, le prix. Personne ne dira que l’Italie, les Etats-Unis ou le Japon sont des pays du tiers-monde pour ce qui des salaires des ouvriers de cette industrie. Le Japon est notamment l’un des pays où le coût de la vie est le plus cher au monde, avec des salaires supérieurs à ceux des Français à niveau de poste équivalent. On a des charges très importantes en France, mais quand même. Il en ressort que le tissu français est le plus cher de tous, pas forcément de beaucoup, en prix d’achat à qualité inférieur ! Il y a vraiment quelque chose qui ne fonctionne pas ou qui est à optimiser dans notre modèle économique pour produire du tissu de jean de qualité. Parenthèse fermée.

Nous sommes donc en train de choisir notre future star pour RSURCTION. Le choix est vaste et qualitatif. À l’heure où j’écris cet article, le choix n’est pas encore fait.

Encore une fois, le choix est difficile mais se précise

La qualité étant plus qu’au rendez-vous, on sait d’ores et déjà que la dimension éco-responsable devient alors un critère déterminant dans notre choix, à fortiori dans une industrie du jean décrié pour sa capacité à nuire à l’environnement. On vous met à la bouche quelques photos parmi les options qui s’offrent à nous.







Des petits détails qui font les grandes différences


En parallèle, on peaufine les petits détails qui n’en sont pas d’ailleurs. On a trouvé un fournisseur français pour les boutons et rivets qui seront couleur canon de fusil. On a même lancé une petite série pour nos prochains prototypes. On a retravaillé également sur notre tissu pour les sacs de poche. Ils seront plus épais et donc plus solides. On s’est orienté aussi vers un fil couleur cuivre plus épais en polycoton.

On se fait également quelques nœuds sur l'étiquette de marque, made in France bien évidemment. Coton ? Satin ? Bio ? L'idée, c'est que soit beau et solide. Cela a l'air anodin. Mais, encore une fois, il faut faire des tests et vérifier que le marquage tient la route et que les fils de l'étiquette ne s’effilochent pas comme on peut souvent le voir.


On avait longuement hésité, mais pour bien finir notre jean, on va y mettre un patch ou ce que l’on appelle dans le jargon du jean un jacron sur l’arrière de la taille. Ils sont souvent en matière synthétique, ou simili cuir, afin qu'il ne bouge pas après plusieurs lavages. Nous, chez RSURCTION, on fait le choix du cuir, plus qualitatif à notre goût. Ce n'est pas plus simple, évidemment...


C'est quoi un jacron ? et bien, c'est ça ;)

Ce jacron sera bien entendu flanqué de la marque RSURCTION.

On est allé chercher un peaussier non loin de chez nous, près de Nantes. Encore une fois, c'est une affaire familiale, Bourgeois et Cie. J'ai connu Thomas par mon très bon ami Alexis. Il m'en a parlé dès la genèse de RSURCTION. Seulement, nous n'avions pas de projet nécessitant du cuir à l'horizon. Donc, ce contact était bien resté dans les cartons. Mais voilà, on se décide finalement à mettre un jacron sur notre jean. Ce n'est pas seulement pour y afficher la marque RSURCTION, mais également apporter une élément qualitatif à notre jean, à l'instar de la grande tradition du jean. Du coup, je l'ai sollicité et il m'a rapidement accueilli dans ses locaux pour qu'on parle du projet. Thomas ne fait pas que développer des cuirs avec ses fournisseurs et les commercialiser. Il s'est récemment diversifié pour fabriquer également de la petite maroquinerie (portefeuille notamment), des sacs, ceintures, sangles de guitares et a même un atelier pour chaussure orthopédique sur-mesure. Il m'a fait balader dans les allées de son entrepôt pour me montrer ses cuirs et qu'on choisisse les peaux qui pourraient m’intéresser. On en ressort avec une quinzaine d'échantillons de cuir classique (tannage au chrome) et des cuirs au tannage végétal. Le spectre est relativement large. C'est de l'exploratoire. L'étape d'après, c'est de tester comment se comporte le cuir après quelques lavages à 40°. J'ai alors fait appel à Anne pour coudre les cuirs sur des pièces de denim. C'est la femme de Max, notre modèle que vous avez vu avec notre chemise et pull. D'ailleurs, il a aussi essayé notre 1er prototype de jean !

Max, avec notre 1er essai de jean selvedge Rsurction

Nos critères pour faire notre choix : la tenue du cuir, l'évolution de la couleur, la tenue du marquage et le vieillissement en général. On a pris un logo disponible à l'atelier. On investira dans l'outil industriel pour faire les essais finaux. Idéalement, il se bonifie et se patine avec le temps comme le jean. Les premiers tests que nous avons réalisés en lave-linge en éliminent un bon nombre. Evidemment, on ne s'attend pas à un miracle. Le cuir étant ce qu'il est, une matière très vivante, on sait très bien qu'aucun cuir ne restera intact. D'ailleurs, ce n'est pas le but. Sinon, on prendrait comme beaucoup du simili cuir. Résultats, certains cuirs n’évoluent pas dans le bon sens en texture et aspect. Clairement, tous ne ressortent pas indemne des tours de manège.

Un superbe cuir...mais qui ne supporte pas les lavages

Le cuir tient pas mal mais...le marquage disparaît

Là, on n'est pas mal

Globalement, le plus gros problème qu’on observe, c’est la tenue du marquage, plus précisément l’embossage à chaud. On est surpris, mais certains types de cuirs tiennent bien la route. Après, avoir échangé avec Thomas, pour certains cuirs, l'embossage ne va pas bien colorer, voire pas du tout, le marquage. Il semble que les cuirs avec très peu de traitement fonctionnent le mieux. Ce n’est pas pour nous déplaire. On va faire d’autres essais. On sait d’ores et déjà grâce à Thomas qu’on peut optimiser l’embossage sur 3 paramètres : la durée, la température et la pression. On avance, on avance ! Par ailleurs, après un premier lavage, les lavages suivants ne semblent plus avoir d'effets sur le cuir.


En validant ces quelques éléments, qui ne sont pas des moindres, on va pouvoir passer au deuxième et peut-être dernier prototype de notre jean selvedge RSURCTION. Ce qui est génial, c'est qu'on apprend toujours au contact des professionnels qui nous entourent.


On vous tient bien entendu au courant de la suite !


RSURCTION

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